"Dans la souplesse se cache la force invisible."
Origine et Tradition
Le cindai (ou "sindai") est bien plus qu’un simple tissu dans l’univers du pencak silat.
Coton, soie, ou mélange robuste : il se porte traditionnellement en bandoulière, prêt à devenir une arme discrète.
Art martial et culture sont étroitement liés.
Transmis par les anciens, le maniement du cindai accompagne danses, cérémonies et spectacles, notamment en Indonésie (Sumatra, Java) et en Malaisie.
À noter :
Le cindai est aussi chanté dans la culture populaire, célèbrement dans "Cindai" de Siti Nurhaliza, célébrant la grâce et la force féminine.
La Dualité du Cindai : Jantan et Betina
Origines Mystiques et Culturelles
Le cindai, loin d'être un simple tissu, est né dans les ateliers prestigieux du Gujarat au XVe siècle, avant de voyager dans l'archipel malais via les routes commerciales. Fabriqué en soie fine selon la technique rare du double ikat (ikat ganda), ce tissu exceptionnel était réservé aux rois, nobles et grands guerriers.
Chargé de valeurs spirituelles, le cindai est perçu dans la culture malaise comme "vivant" : malgré les siècles, ses couleurs demeurent éclatantes, son parfum persiste, et sa texture conserve sa force. Certains voyaient dans le cindai un protecteur mystique, capable de stopper les lames ou même de conférer à son porteur des pouvoirs d'invincibilité.
La Dualité du Cindai : Jantan et Betina
Dans la tradition, on distingue deux types de cindai :
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Cindai Betina : réservé aux rois et guerriers, utilisé dans les combats pour sa solidité et son aura protectrice.
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Cindai Jantan : porté par les femmes nobles pour des rituels ou des pratiques ésotériques, souvent associé aux arts de la séduction et à la protection spirituelle.
Dans les arts martiaux, cette dualité se traduit aussi dans le style d'utilisation :
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Betina ➔ techniques de ligotage, d'étranglement, de piège.
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Jantan ➔ mouvements de fouet, frappes vives et tampons.
Le Cindai de Hang Tuah : Légende Vivante
Dans le célèbre Hikayat Hang Tuah, le héros Hang Tuah combat son rival Hang Jebat avec une ceinture de cindai. Ce tissu magique était si solide qu'il servait de pansement pour stopper les hémorragies. Hang Jebat, grièvement blessé, continua à se battre tant que son corps restait enveloppé du cindai.
La légende dit qu'il ne succomba qu'une fois que le cindai fut ôté, révélant ainsi la croyance profonde en la vitalité du tissu.
Seni Cindai : Le Sommet du Pencak Silat
Dans l'art du Silat Seni Gayong, maîtriser le Seni Cindai est un véritable aboutissement.
Cette discipline ultime se divise en deux branches :
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Seni Cindai Jantan : coups de fouet, claquements, frappes vives.
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Seni Cindai Betina : immobilisations, étranglements, enroulements stratégiques.
Peu de pratiquants parviennent à maîtriser ce maniement du cindai, exigeant fluidité, instinct, et perception avancée du rythme du combat. Dans les démonstrations, les mouvements évoquent autant la danse que le duel, fusionnant l'artistique et le martial.
Techniques Essentielles
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Frappe (Pukulan)
➔ Attaques rapides, longues portées, déroutant l’adversaire. -
Saisie (Sambut)
➔ Interception d'un membre ou d'une arme pour contrôler ou déséquilibrer. -
Esquive (Menghindar)
➔ Déviation souple des coups et contre-attaques éclairs. -
Enroulement (Melilit)
➔ Immobilisation d'un bras, d'une arme, ou étranglement technique.
Petit plus tactique :
Le cindai permet aussi de désarmer un bâton, une machette, voire un couteau, sans contact direct.
Le Cindai dans les Écoles de Silat
🏴 Gayong Malaysia
➔ Maniement réaliste : self-défense, neutralisation rapide.
🏴 Seni Silat
➔ Esthétique martiale : mouvements fluides et chorégraphiés.
🏴 Silat Minangkabau
➔ Mouvement circulaire, dynamisme, contrôle continu de l’adversaire.
🏴 Silat Melayu
➔ Tactiques de souplesse : esquive, contre-attaque, retournement de force.
Pourquoi S’entraîner au Cindai ?
✔️ Développe coordination et réactivité.
✔️ Affine la perception tactile.
✔️ Apprend à utiliser n'importe quel tissu ou ceinture comme arme.
✔️ Allie art du geste et efficacité martiale.
Le cindai n’est pas seulement une arme : c’est un art vivant, fluide et intelligent.
🔗 Cindai, Rantai et Ruyung
1. Cindai (étoffe / tissu souple)
➔ Arme flexible utilisée dans le pencak silat : saisies, frappes souples, enroulements, immobilisations.
➔ Technique : exploitation de la souplesse pour piéger ou étrangler.
2. Rantai (chaîne)
➔ Arme articulée métallique dans certaines écoles de silat (ex : Silat Gayong, Silat Lincah).
➔ Usage similaire au cindai : frapper, lier, désarmer.
➔ Différence principale : la rançai est lourde et inflige plus de dégâts directs par impact.
Lien entre cindai et rantai :
Les techniques de maniement sont proches (saisie, enroulement, contrôle à distance), mais adaptées au poids et à la rigidité de l'arme.
3. Ruyung (nunchaku ou bâton double articulé)
➔ Plus rare en pencak silat, mais certaines écoles modernes ou influencées par d'autres arts (comme l’eskrima philippin) utilisent un ruyung ou équivalent.
➔ Arme de frappe rotative : nécessite coordination et rythme.
➔ Proche du travail du cindai pour le contrôle circulaire, mais structurellement différent.
🧣 Le Sarong comme Arme aux Philippines ?
Oui, absolument !
Même si le sarong est d’origine indonésienne/malaise, il existe bien :
Sarong (Philippines) ➔ Tapis de corps ou vêtement traditionnel utilisé comme arme improvisée dans certains styles de Eskrima / Arnis / Kali philippins.
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Manié comme un cindai : enroulement du bras, étranglement, immobilisation.
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Aussi utilisé pour piéger une lame (ex : attraper une machette ou un couteau).
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Parfois combiné à une arme courte cachée à l’intérieur (couteau, pierre, etc.).
Exemples connus :
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Dans l'Eskrima De Campo, certains maîtres enseignent l'utilisation du "tapis" ou "sarong".
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En Pekiti Tirsia Kali, il existe aussi des drills d’utilisation d'étoffe souple pour la self-défense.
🧠 En résumé rapide :
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Cindai = souple, léger, tissu martial.
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Rantai = flexible, mais lourd, métallique.
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Ruyung = articulé en bois, frappe tournante.
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Sarong aux Philippines = techniques proches du cindai pour piéger/neutraliser.
Arme Nature Utilisation principale Particularité technique Origine principale Cindai Tissu souple (soie, coton) Frappe, saisie, immobilisation Ultra-souple, discrétion, contrôle sans choc Indonésie, Malaisie Rantai Chaîne métallique flexible Frappe lourde, saisie, étranglement Poids, impact direct élevé Indonésie, Malaisie Ruyung Bâton articulé (type nunchaku) Frappe rotative rapide, blocage Coordination, vitesse rotative Indonésie, influence sino-asiatique Sarong Vêtement (tissu léger) Piégeage, désarmement improvisé Souplesse extrême, camouflage Philippines (usage pratique dans l'Eskrima) 1. Origine historique précise :
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Le cindai est un tissu de soie de très haute qualité originaire du Gujarat (Inde), apporté par les marchands vers 1450 dans l’archipel malais.
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Techniques de tissage : "ikat ganda" ("double ikat"), très difficile à réaliser ➔ explique la rareté et la valeur du cindai.
2. Statut social :
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Initialement réservé aux rois, nobles et guerriers.
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Le cindai n'était pas simplement un tissu : il était un symbole de pouvoir, de prestige, et parfois de protection mystique.
3. Rôle dans la culture martiale et sacrée :
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Le cindai était utilisé comme bengkung (ceinture de combat) par les guerriers. Il pouvait être enroulé sept fois autour du corps.
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Il était tellement solide (à cause de son tissage serré) qu’il pouvait résister aux coups de poignard – similaire à l'utilisation des chemises de soie chez les guerriers mongols.
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Dans les récits traditionnels (Hikayat Hang Tuah, Hikayat Malim Dewa), le cindai est mentionné comme ayant des propriétés magiques.
4. Dimensions symboliques et mystiques :
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Le cindai est parfois décrit comme "vivant" ("Seekor Cindai") car il résiste au temps (conserve ses couleurs et son parfum après des siècles).
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Il existe deux types :
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Cindai Betina ➔ réservé aux rois et guerriers, associé au pouvoir et à la protection.
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Cindai Jantan ➔ réservé aux femmes, parfois utilisé dans des rituels.
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Utilisé aussi dans la fabrication de remèdes, par ex. le "minyak cindai" (huile magique) avec des vertus de séduction et de protection.
5. Arts martiaux (Silat) :
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"Seni Cindai" dans Silat Seni Gayong est considéré comme le niveau le plus élevé du maniement des armes souples (écharpe, ceinture, cindai).
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Cindai Betina ➔ techniques de piégeage, ligotage, étranglement.
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Cindai Jantan ➔ techniques de fouet, claquement, frappe rapide.
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📚 Conclusion
Le cindai n’est pas seulement une arme souple du pencak silat. C’est un symbole total : culturel, historique, spirituel et martial.
Il incarne l’élégance, la puissance, et la protection magique dans la culture malaise et indonésienne.
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