lundi 28 avril 2025

Pendita bunian, kezako?

Dans cet article, je partage ce que représente ce nom pour moi, son origine, et comment il influence ma pratique et ma vie.

1. L'Origine de "Pendita Bunian"

Le terme Pendita signifie "savant" ou "érudit" en malais, tandis que Bunian désigne des entités spirituelles du folklore local.
Ensemble, ils évoquent un lien entre la sagesse humaine et le monde invisible.
Ce n'est pas simplement un titre : c'est une voie que je m'efforce d'incarner dans ma pratique et dans mon quotidien.

2. La Cérémonie de "Seni Mandi"

Lors de ma cérémonie de Seni Mandi, j'ai été reçu le nom de Pendita Bunian.
Ce rituel de purification, baigné d’eau et de gestes symboliques, marque une transition importante : un engagement profond envers l'apprentissage et la tradition du silat.

Mon expérience personnelle

Pour moi, ce n’était pas juste un moment cérémoniel.
C'était une étape d'un chemin déjà tracé, un jalon marquant ma volonté d'aller plus loin.
Recevoir ce nom m'a donné une direction claire et une responsabilité à honorer.
Il ne s'agit pas de prétendre être un maître, mais de se rappeler, chaque jour, que la connaissance est un chemin sans fin.

3. L'Importance de ce Nom dans ma Vie

Porter le titre de Pendita Bunian m'incite à continuer d'apprendre et à transmettre.
C'est honorer ceux qui m'ont formé, respecter les traditions et toujours avancer avec humilité.
Chaque fois que je me présente sous ce nom, je me rappelle que mes paroles, mes gestes, ma pratique doivent être à la hauteur de cet engagement.

Dans mon enseignement du silat comme dans ma vie quotidienne, j'essaie d’agir avec intégrité, sagesse et respect.
C’est un choix que je renouvelle chaque jour.

4. Mon Animal Protecteur et Mon Élément

Ce ne sont peut-être pas les termes adéquats mais lors de ma cérémonie de Seni Mandi, j'ai également reçu un animal protecteur, le serpent, ainsi qu'un élément, le vent. Dans la tradition indo-malaise, ces symboles ne sont pas choisis au hasard : ils sont des reflets d’une identité profonde et des énergies à cultiver sur son chemin.

Le serpent (ular) est considéré comme un gardien des savoirs cachés (ilmu batin), un symbole de sagesse, de transformation intérieure et de vigilance. Dans les récits traditionnels, il veille sur les mystères de la vie et guide ceux qui cherchent une connaissance plus profonde. En tant que pratiquant du Silat, il m’inspire à adopter une approche fluide, adaptable et discrète, tout en demeurant protecteur face aux énergies négatives.

Quant au vent (angin), il est perçu comme le souffle vital reliant les mondes visibles et invisibles. Symbole de liberté, de mobilité et de changement, il incarne la capacité à s’adapter aux circonstances tout en restant en mouvement. Le vent m’encourage à embrasser les transformations nécessaires, à rester ouvert aux opportunités de croissance, et à servir de lien entre différentes dimensions de l’existence — rôle essentiel pour celui qui porte le titre de Pendita Bunian.

Ces deux symboles réunis me rappellent que la voie du silat est faite de souplesse, de sagesse, de vigilance, et d’ouverture. Ils tracent pour moi une ligne de conduite autant martiale que spirituelle.

 Conclusion : Mon Voyage avec le Nom de Pendita Bunian

Je suis Pendita Bunian, ce n’est pas un honneur personnel : c’est une responsabilité vivante.
Un rappel constant de la voie que je choisis : sagesse, humilité et apprentissage sans fin.
Je me sens lié à une tradition plus grande que moi, et je m'efforce de contribuer, même modestement, à son rayonnement.


📣 Appel à l'Action

Vous pratiquez le silat ? Vous avez un parcours martial qui vous a marqué ?
N'hésitez pas à partager votre expérience en commentaire. J'aimerais beaucoup vous lire.



 

dimanche 27 avril 2025

Le Cindai – L'Arme Souple du Pencak Silat

 

"Dans la souplesse se cache la force invisible."

 

Origine et Tradition

Le cindai (ou "sindai") est bien plus qu’un simple tissu dans l’univers du pencak silat.
Coton, soie, ou mélange robuste : il se porte traditionnellement en bandoulière, prêt à devenir une arme discrète.

Art martial et culture sont étroitement liés.
Transmis par les anciens, le maniement du cindai accompagne danses, cérémonies et spectacles, notamment en Indonésie (Sumatra, Java) et en Malaisie.

À noter :
Le cindai est aussi chanté dans la culture populaire, célèbrement dans "Cindai" de Siti Nurhaliza, célébrant la grâce et la force féminine.


La Dualité du Cindai : Jantan et Betina

 Origines Mystiques et Culturelles

Le cindai, loin d'être un simple tissu, est né dans les ateliers prestigieux du Gujarat au XVe siècle, avant de voyager dans l'archipel malais via les routes commerciales. Fabriqué en soie fine selon la technique rare du double ikat (ikat ganda), ce tissu exceptionnel était réservé aux rois, nobles et grands guerriers.

Chargé de valeurs spirituelles, le cindai est perçu dans la culture malaise comme "vivant" : malgré les siècles, ses couleurs demeurent éclatantes, son parfum persiste, et sa texture conserve sa force. Certains voyaient dans le cindai un protecteur mystique, capable de stopper les lames ou même de conférer à son porteur des pouvoirs d'invincibilité.


La Dualité du Cindai : Jantan et Betina

Dans la tradition, on distingue deux types de cindai :

  • Cindai Betina : réservé aux rois et guerriers, utilisé dans les combats pour sa solidité et son aura protectrice.

  • Cindai Jantan : porté par les femmes nobles pour des rituels ou des pratiques ésotériques, souvent associé aux arts de la séduction et à la protection spirituelle.

Dans les arts martiaux, cette dualité se traduit aussi dans le style d'utilisation :

  • Betina ➔ techniques de ligotage, d'étranglement, de piège.

  • Jantan ➔ mouvements de fouet, frappes vives et tampons.


     


Le Cindai de Hang Tuah : Légende Vivante

Dans le célèbre Hikayat Hang Tuah, le héros Hang Tuah combat son rival Hang Jebat avec une ceinture de cindai. Ce tissu magique était si solide qu'il servait de pansement pour stopper les hémorragies. Hang Jebat, grièvement blessé, continua à se battre tant que son corps restait enveloppé du cindai.
La légende dit qu'il ne succomba qu'une fois que le cindai fut ôté, révélant ainsi la croyance profonde en la vitalité du tissu.


Seni Cindai : Le Sommet du Pencak Silat

Dans l'art du Silat Seni Gayong, maîtriser le Seni Cindai est un véritable aboutissement.
Cette discipline ultime se divise en deux branches :

  • Seni Cindai Jantan : coups de fouet, claquements, frappes vives.

  • Seni Cindai Betina : immobilisations, étranglements, enroulements stratégiques.

Peu de pratiquants parviennent à maîtriser ce maniement du cindai, exigeant fluidité, instinct, et perception avancée du rythme du combat. Dans les démonstrations, les mouvements évoquent autant la danse que le duel, fusionnant l'artistique et le martial.

 


Techniques Essentielles

  • Frappe (Pukulan)
    ➔ Attaques rapides, longues portées, déroutant l’adversaire.

  • Saisie (Sambut)
    ➔ Interception d'un membre ou d'une arme pour contrôler ou déséquilibrer.

  • Esquive (Menghindar)
    ➔ Déviation souple des coups et contre-attaques éclairs.

  • Enroulement (Melilit)
    ➔ Immobilisation d'un bras, d'une arme, ou étranglement technique.

Petit plus tactique :
Le cindai permet aussi de désarmer un bâton, une machette, voire un couteau, sans contact direct.


Le Cindai dans les Écoles de Silat

🏴 Gayong Malaysia
➔ Maniement réaliste : self-défense, neutralisation rapide.

🏴 Seni Silat
➔ Esthétique martiale : mouvements fluides et chorégraphiés.

🏴 Silat Minangkabau
➔ Mouvement circulaire, dynamisme, contrôle continu de l’adversaire.

🏴 Silat Melayu
➔ Tactiques de souplesse : esquive, contre-attaque, retournement de force.


 


Pourquoi S’entraîner au Cindai ?

✔️ Développe coordination et réactivité.
✔️ Affine la perception tactile.
✔️ Apprend à utiliser n'importe quel tissu ou ceinture comme arme.
✔️ Allie art du geste et efficacité martiale.

Le cindai n’est pas seulement une arme : c’est un art vivant, fluide et intelligent.

 


🔗 Cindai, Rantai et Ruyung

1. Cindai (étoffe / tissu souple)
➔ Arme flexible utilisée dans le pencak silat : saisies, frappes souples, enroulements, immobilisations.
➔ Technique : exploitation de la souplesse pour piéger ou étrangler.

2. Rantai (chaîne)
➔ Arme articulée métallique dans certaines écoles de silat (ex : Silat Gayong, Silat Lincah).
➔ Usage similaire au cindai : frapper, lier, désarmer.
➔ Différence principale : la rançai est lourde et inflige plus de dégâts directs par impact.

Lien entre cindai et rantai :
Les techniques de maniement sont proches (saisie, enroulement, contrôle à distance), mais adaptées au poids et à la rigidité de l'arme.

3. Ruyung (nunchaku ou bâton double articulé)
➔ Plus rare en pencak silat, mais certaines écoles modernes ou influencées par d'autres arts (comme l’eskrima philippin) utilisent un ruyung ou équivalent.
➔ Arme de frappe rotative : nécessite coordination et rythme.
➔ Proche du travail du cindai pour le contrôle circulaire, mais structurellement différent.


🧣 Le Sarong comme Arme aux Philippines ?

Oui, absolument !
Même si le sarong est d’origine indonésienne/malaise, il existe bien :

Sarong (Philippines)Tapis de corps ou vêtement traditionnel utilisé comme arme improvisée dans certains styles de Eskrima / Arnis / Kali philippins.

  • Manié comme un cindai : enroulement du bras, étranglement, immobilisation.

  • Aussi utilisé pour piéger une lame (ex : attraper une machette ou un couteau).

  • Parfois combiné à une arme courte cachée à l’intérieur (couteau, pierre, etc.).

Exemples connus :

  • Dans l'Eskrima De Campo, certains maîtres enseignent l'utilisation du "tapis" ou "sarong".

  • En Pekiti Tirsia Kali, il existe aussi des drills d’utilisation d'étoffe souple pour la self-défense.


🧠 En résumé rapide :

  • Cindai = souple, léger, tissu martial.

  • Rantai = flexible, mais lourd, métallique.

  • Ruyung = articulé en bois, frappe tournante.

  • Sarong aux Philippines = techniques proches du cindai pour piéger/neutraliser.

     

    ArmeNatureUtilisation principaleParticularité techniqueOrigine principale
    CindaiTissu souple (soie, coton)Frappe, saisie, immobilisationUltra-souple, discrétion, contrôle sans chocIndonésie, Malaisie
    RantaiChaîne métallique flexibleFrappe lourde, saisie, étranglementPoids, impact direct élevéIndonésie, Malaisie
    RuyungBâton articulé (type nunchaku)Frappe rotative rapide, blocageCoordination, vitesse rotativeIndonésie, influence sino-asiatique
    SarongVêtement (tissu léger)Piégeage, désarmement improviséSouplesse extrême, camouflagePhilippines (usage pratique dans l'Eskrima)


     1. Origine historique précise :

  • Le cindai est un tissu de soie de très haute qualité originaire du Gujarat (Inde), apporté par les marchands vers 1450 dans l’archipel malais.

  • Techniques de tissage : "ikat ganda" ("double ikat"), très difficile à réaliser ➔ explique la rareté et la valeur du cindai.

2. Statut social :

  • Initialement réservé aux rois, nobles et guerriers.

  • Le cindai n'était pas simplement un tissu : il était un symbole de pouvoir, de prestige, et parfois de protection mystique.

3. Rôle dans la culture martiale et sacrée :

  • Le cindai était utilisé comme bengkung (ceinture de combat) par les guerriers. Il pouvait être enroulé sept fois autour du corps.

  • Il était tellement solide (à cause de son tissage serré) qu’il pouvait résister aux coups de poignard – similaire à l'utilisation des chemises de soie chez les guerriers mongols.

  • Dans les récits traditionnels (Hikayat Hang Tuah, Hikayat Malim Dewa), le cindai est mentionné comme ayant des propriétés magiques.

4. Dimensions symboliques et mystiques :

  • Le cindai est parfois décrit comme "vivant" ("Seekor Cindai") car il résiste au temps (conserve ses couleurs et son parfum après des siècles).

  • Il existe deux types :

    • Cindai Betina ➔ réservé aux rois et guerriers, associé au pouvoir et à la protection.

    • Cindai Jantan ➔ réservé aux femmes, parfois utilisé dans des rituels.

  • Utilisé aussi dans la fabrication de remèdes, par ex. le "minyak cindai" (huile magique) avec des vertus de séduction et de protection.

5. Arts martiaux (Silat) :

  • "Seni Cindai" dans Silat Seni Gayong est considéré comme le niveau le plus élevé du maniement des armes souples (écharpe, ceinture, cindai).

    • Cindai Betina ➔ techniques de piégeage, ligotage, étranglement.

    • Cindai Jantan ➔ techniques de fouet, claquement, frappe rapide.


📚 Conclusion 

Le cindai n’est pas seulement une arme souple du pencak silat. C’est un symbole total : culturel, historique, spirituel et martial.
Il incarne l’élégance, la puissance, et la protection magique dans la culture malaise et indonésienne.

jeudi 24 avril 2025

🐅 Golongan Harimau 1–49 : un voyage martial au cœur du Silat Seni Gayong


 

Dans l’univers du Silat Seni Gayong Malaysia (PSSGM), le jurus Golongan Harimau, aussi appelé Gulungan Harimau, occupe une place toute particulière.

🧭 Une forme codifiée, enracinée dans la tradition

Le Golongan Harimau est un ensemble de 49 mouvements codifiés, transmis sous forme de jurus (formes) et enseignés par paliers, souvent 10 mouvements à la fois. Ces jurus combinent puissance, stratégie et symbolisme animal, et constituent l’un des sommets de la formation en Silat Seni Gayong.

Ce jurus est parfois également connu sous le nom de :

  • Anak Harimau (« le petit tigre »), lorsqu’il est enseigné dans ses premières formes.

  • Gerakan Rajawali (« les mouvements de l’aigle royal »), nom attribué aux séquences plus avancées, notamment à partir du 11e mouvement, qui illustrent un style plus aérien et stratégique.


     

🐾 Symbolique et essence

Le Harimau (tigre) représente la force brutale maîtrisée, la capacité à frapper au plus proche du sol, à bondir, à saisir et à dominer. C’est une créature emblématique dans le Silat, tout particulièrement dans le Gayong, où l’animal est vu comme un modèle de tactique, de patience et de férocité contrôlée.

Le Rajawali (aigle), quant à lui, incarne l’élévation du regard martial, la vision stratégique, la précision des attaques portées avec autorité et maîtrise. Le passage du Harimau au Rajawali symbolise ainsi une maturation du pratiquant, passant d’un style instinctif à une pratique éclairée et consciente.

⚔️ Une progression graduelle

Les 49 mouvements sont divisés en deux grandes phases :

  • Mouvements 1 à 10 : Serangan Anak Harimau
    Introduction au style Harimau. Déplacement bas, griffes (cakar), saisies, bases de projections, enracinement au sol.


     

  • Mouvements 11 à 49 : Gerakan Rajawali
    Développement de techniques aériennes, enchaînements stratégiques, jeux de jambes fluides, frappes montantes et travail en fluidité. Ces mouvements incarnent la transition vers un Silat plus “intelligent”, où chaque action est pensée pour devancer et contrôler.

🧱 Entraînement et transmission

L'apprentissage du Golongan Harimau est progressif. Il s’agit d’un enseignement à la fois physique et spirituel, où l’on développe :

  • L’endurance à l’effort intense

  • La maîtrise des déplacements au sol

  • Le contrôle des prises et des projections

  • La coordination corps-esprit

  • Le respect de la lignée et des maîtres

Ce jurus peut être transmis dans un cadre particulier, parfois à l’occasion d’un gelaran (cérémonie ou étape initiatique). Certains instructeurs accompagnent cette transmission de récitations traditionnelles, de symboles ou de rituels propres à leur perguruan.


 

📜 Une transmission vivante

Ce qui rend le Golongan Harimau si particulier, c’est qu’il n’est pas enseigné de manière uniforme. Chaque cikgu (instructeur) peut y intégrer des nuances, selon son héritage direct, sa compréhension du Silat, ou les enseignements reçus de Dato’ Meor Abdul Rahman lui-même.

Ainsi, bien qu’il existe une base commune, les variantes d’une école à une autre — ou même d’un maître à un autre — peuvent porter des particularités, tout en restant fidèles à l’esprit du Gayong.




 


✊ Conclusion

Le Golongan Harimau est bien plus qu’un simple enchaînement de techniques : c’est un passage initiatique, une manière d’entrer dans le cœur de l’art, là où le geste devient intention, et où l’animalité se transforme en sagesse.

Pour ceux qui foulent le chemin du Silat Seni Gayong, ces 49 mouvements sont autant de pas vers la maîtrise, de signes de respect pour la tradition, et de défis pour l’esprit et le corps.


vendredi 18 avril 2025

Interview Pencak Silat – Alexandre Pargade

 

"Commencer à pratiquer le Silat et participer à sa promotion aujourd'hui, c'est être les pionniers de cette discipline en Europe."
Alexandre Pargade


👤 1) Peux-tu te présenter brièvement aux lecteurs de cette page ?

Je m'appelle Alexandre Pargade, j'ai 34 ans, je suis Educateur sportif et instructeur de Pencak Silat, pratiquant depuis un peu plus de 10 ans.
Grand amateur d'arts martiaux et sports de combat, je pratique aussi le Sanda (boxe chinoise pieds-poings et projections).




🐘 2) Peux-tu donner une brève présentation (racines, origines, histoire) de ton style ?

Le Gadjah Putih est un style de Penchak Silat originaire de Ouest Java, dans la région du Sunda. Son arme traditionnelle est le Keris Kujang, poignard à la forme particulière.



 

Le fondateur du Gadjah Putih, Adji Djaenudin, désigna pour successeur l'un de ses 8 élèves, Ahmad Sadeli, qui transmit à son fils Deden Sadeli la parenté de cet art.
L'un de ses élèves les plus talentueux, Kang Deden Effendi, est garant de la branche culturelle du Gadjah Putih, et mon maître.
Il est également professeur de Kateda, art martial interne qui complémente tout pratiquant.


 


 3) Comment es-tu venu au Pencak Silat ?

J'ai découvert le Pencak Silat sous l'œil bienveillant de Marc Lemair, au centre des arts martiaux de Montpellier à l'époque.


🎬 4) As-tu des pratiquants d'arts martiaux de quelque style que ce soit qui t'ont inspiré ?

De nombreux pratiquants d'arts martiaux m'ont inspiré tout long de ma vie,
étant jeune par exemple des films avec Jean Claude Van Damme, les Ong Bak avec Tony Jaa.
Pour le Silat, j'ai découvert et admiré Maul Mornie, Cecep Arif Rahman et plus récemment Kang Deden Effendi est devenu pour moi comme un phare éclairant mon parcours martial et spirituel.



🔪 5) As-tu une arme de prédilection ?

Mon arme de prédilection est le Kerambit.
J'ai aussi des affinités avec le couteau et le Golok.

 


6) Quelle différence fais-tu entre le pencak silat traditionnel et la self défense (beladiri) ?

Ma vision est la suivante : un art martial est une préparation à la guerre.
La self défense est un concept qui répond à un besoin élémentaire de se protéger soi et les siens.
Un combattant est obligé de connaître la défense comme l'attaque en y ajoutant de la stratégie.
Quelqu'un qui applique correctement les bases de la self défense pourra éviter les conflits et passer une vie sans combattre.

Pour résumer, on peut trouver dans les arts martiaux un moyen parmi d'autres de répondre à certaines problématiques de la self défense, mais ce sont deux concepts différents qui peuvent s'alimenter l'un l'autre.

On s'entraîne au combat avec les arts martiaux, on apprend à éviter les situations de danger avec la self défense.


 7) Quel est ton avis sur le Pencak Silat en France ?

Si on comprend ma réponse à la question précédente, c'est facile de faire un constat de l'état du Pencak Silat en France.
Il existe deux mondes. L'un est directement lié à l'Indonésie, son folklore et sa culture, l'autre vend du rêve avec des techniques miracles de la self défense.
En clair, il y a le Pencak Silat traditionnel, et les autres qui ne pratiquent qu'une pâle imitation dans de mauvais buts.


 8) Que dirais-tu pour convaincre de venir pratiquer le Silat ?

Le Silat est un art martial très riche. Comme tous les arts martiaux, il permet aux pratiquants de devenir de meilleures versions d'eux mêmes.
C'est un monde encore peu connu, où il y a tout à faire et beaucoup à découvrir pour les occidentaux.
Commencer à pratiquer le Silat et participer à sa promotion aujourd'hui, c'est être les pionniers de cette discipline en Europe.
C'est un défi de découvrir les mystères des Indonésiens, qui sont toujours ravis de partager et d'accéder à notre curiosité.


 9) Peux-tu partager avec nous une brève vidéo d'une technique de ton style ?



 10) Pour finir cette interview, je te laisse carte blanche pour promouvoir n'importe quelle action en cours ou à venir (stages, formation instructeur...)

Mon maître Deden Effendi organise des voyages culturels tous les ans, les Sunda Camp,
séjours de rêve à la rencontre de la culture Sundanaise, de plusieurs maîtres de Pencak Silat et d'arts traditionnels, dans des endroits paradisiaques de l'archipel.


Merci à Alexandre de s'être prêté au jeu des questions/réponses!

mercredi 16 avril 2025

Kateda, Tenaga Dalam, Debus & Amok : L'énergie intérieure et les états de transe dans le Pencak Silat

Les arts martiaux d’Asie du Sud-Est, notamment le Pencak Silat indonésien, vont bien au-delà des techniques de combat. Ils explorent des dimensions profondes de maîtrise de soi, de spiritualité et de développement personnel. Quatre concepts clés illustrent cette richesse : Kateda, Tenaga Dalam, Debus et Amok. Plongeons ensemble dans cet univers fascinant.


 


🌀 Kateda : Un style de Pencak Silat centré sur l’énergie interne

  • Origine : Kateda est une école spécifique de Pencak Silat originaire de Sumatra du Sud, en Indonésie.

  • Spécificité : Classé comme un art martial interne, Kateda met l’accent sur la respiration, la gestion de l’effort et le développement d’une "force intérieure".

  • Objectifs :

    • Renforcer la résistance physique et mentale

    • Améliorer la concentration

    • Développer une sensibilité corporelle liée au système nerveux

  • Aspect santé : Les pratiquants attribuent à Kateda des bienfaits sur la santé — réduction de l’anxiété, soulagement de douleurs, amélioration du bien-être général.

  • Affiliation : Kateda est intégré à l’IPSI (Ikatan Pencak Silat Indonesia), l’organisme national de régulation du Silat en Indonésie.

  • Aujourd’hui : Kateda est toujours actif, avec des écoles et événements présents en Indonésie, et une reconnaissance croissante dans les cercles académiques.


🔥 Tenaga Dalam : L’énergie vitale dans les arts martiaux indonésiens

  • Définition : "Tenaga Dalam" signifie énergie interne. C’est un concept central dans de nombreuses écoles de Pencak Silat.

  • Fondement : Il repose sur l’idée que chaque individu possède une énergie latente qui peut être éveillée, canalisée et utilisée à des fins martiales, curatives ou spirituelles.

✅ Ce qu’on sait de manière fiable :

  • Techniques utilisées :

    • Respiration contrôlée (pernapasan) : abdominale, thoracique, etc.

    • Méditation et concentration

    • Mouvements codifiés (jurus) issus du Silat

  • Effets recherchés :

    • Amélioration de la puissance, de l’endurance et du self-control

    • Utilisation de l’énergie pour guérir ou renforcer le corps

    • Développement de l’intuition et de la perception dans un contexte de défense

⚠️ Ce qui reste débattu :

  • Certains courants affirment pouvoir transmettre l’énergie à distance, repousser sans contact ou devenir insensible aux coups. Ces affirmations, souvent non validées scientifiquement, relèvent davantage du folklore martial ou spirituel.

🏫 Intégration dans les écoles :

Des écoles réputées comme Merpati Putih, PSHT ou Pagar Nusa intègrent le Tenaga Dalam dans leurs enseignements, avec un vrai cadre technique et une progression structurée.


🛡️ Debus : Invulnérabilité rituelle et foi spirituelle

  • Origine : Le Debus est une pratique traditionnelle originaire de Banten, en Indonésie, mêlant démonstrations de résistance physique et rituels spirituels.

  • Pratiques :

    • Les adeptes exécutent des actes impressionnants tels que se percer avec des objets tranchants, marcher sur des braises ou du verre brisé, sans montrer de douleur ni de blessure.

    • Ces performances sont souvent accompagnées de chants religieux, de prières et de rituels issus du soufisme.

  • Fondement spirituel :

    • Le Debus repose sur la conviction que la foi profonde et la pratique religieuse confèrent une protection divine, rendant le corps insensible à la douleur ou aux blessures.

    • Les pratiquants croient que leur invulnérabilité est un don de Dieu, obtenu par la dévotion et la purification spirituelle.

  • Différences avec le Tenaga Dalam :

    • Alors que le Tenaga Dalam se concentre sur le développement personnel et la maîtrise de l'énergie interne à travers des techniques physiques et mentales, le Debus est profondément ancré dans la spiritualité et les rituels religieux.

    • Le Tenaga Dalam est généralement enseigné dans un cadre martial structuré, tandis que le Debus est plus souvent présenté dans des contextes culturels ou religieux.


       


⚔️ Amok : La transe guerrière du Silat

  • Origine : Le terme "Amok" provient du malais "mengamuk", signifiant "attaquer avec rage". Historiquement, il décrit un état de transe guerrière où le pratiquant entre dans une frénésie incontrôlable.

  • Caractéristiques :

    • Absence de peur : Le pratiquant ne ressent plus la peur ni la douleur.

    • Force accrue : Une augmentation notable de la force physique.

    • Transe : Un état de conscience altéré, similaire à celui des berserkers nordiques.

  • Contextes d'utilisation :

    • Utilisé dans des situations de combat désespérées ou lors de rituels spécifiques.

    • Parfois induit par des techniques de respiration, des chants ou des substances spécifiques.

  • Différences avec le Tenaga Dalam et le Debus :

    • Contrairement au Tenaga Dalam, qui vise un contrôle de l'énergie interne, l'état d'Amok est une perte de contrôle volontaire pour libérer une rage destructrice.

    • À la différence du Debus, qui repose sur la foi et des rituels pour obtenir une invulnérabilité, l'Amok est une transe guerrière visant à maximiser l'agressivité et la puissance au combat.


🧘 En conclusion

Kateda, Tenaga Dalam, Debus et Amok illustrent la richesse et la diversité du Pencak Silat, où l'art martial rencontre la spiritualité, la discipline intérieure et la culture. Que vous soyez passionné d’arts martiaux, curieux de traditions orientales.

Merci à mes notes de lectures, mon maître, les nombreux intervenants rencontrés et ce livre ouvert sue le monde qu'est internet.

lundi 14 avril 2025

Compte rendu de stage : Kerambit et autres secrets du Gadjah Putih

🗓 Stage du samedi 12 avril – Gelanggang Mauguio

Invité : Alexandre Pargade

Thèmes : Kerambit & Tenaga Dalam (énergie interne)


Ce samedi 12 avril, nous avons eu la chance de recevoir Alexandre Pargade au Gelanggang à Mauguio pour un stage à double entrée :
➡️ Le matin : Kerambit
➡️ L’après-midi : Tenaga Dalam, via des techniques issues du Kateda


🎓 À propos d’Alexandre

Formé dans le style Gadjah Putih par Kang Deden Effendi (que nous avions eu la chance de rencontrer en début de saison dernière), Alexandre découvre ce style lors de la venue de Kang Deden.
Depuis, il s’est rendu en Indonésie pour approfondir sa formation et continue aujourd’hui à apprendre sous sa houlette.

Installé à Montpellier, il développe son école tout près de nous — un voisinage qui facilite des échanges toujours enrichissants.


📣 L’invitation

N’ayant pu assister à son précédent stage, j’ai pensé qu’il serait bénéfique pour tout le Gelanggang de participer à cette découverte.
📩 L’invitation fut lancée — et acceptée !

Comme toujours :
✔️ Stage gratuit
✔️ Ouvert à tous les styles

👥 Participation :

  • 18 participants le matin

  • 17 l’après-midi
    ➡️ Des pesilat de mon Gelanggang et de celui d’Alex
    ➡️ Des pratiquants de Toreikan Budo de Perpignan
    ➡️ Des jeunes issus du MMA
    ➡️ Et, (joie pour moi), une belle énergie partagée par tous.


🥐☕ L’accueil

Le matin débute autour d’un café et de chouquettes (rituel sacré ?).

Sur les tatamis, une présentation de quelques armes, dont le Kerambit :

  • Arme "secrète", discrète, de dernier recours

  • Origines : probablement pas agricoles (🤔 Si c'était un outil si utile… pourquoi ne s’en sert-on plus ?)

🌀 Après une mobilisation articulaire, 4 techniques simples sont présentées :
➡️ Travaillées ensuite à mains nues pour rappeler que l’arme est le prolongement du corps
➡️ Séquences conclues par des amenées au sol
➡️ Et, kerambit oblige… des applications dépassant largement le cadre de la légitime défense (rappel : étude martiale, pas self-défense).


🌬️ Après-midi : Tenaga Dalam & Kateda

Bien que l’approche interne puisse sembler plus ardue, Alexandre a su capter et maintenir l’attention des participants pendant 3 heures.

1️⃣ Tenaga Dalam (énergie interne)

  • Exercices issus du Kateda

  • Maîtrise de soi, respiration, concentration, contrôle de l’énergie vitale

  • Test d’encaissement pour expérimenter l’efficacité des techniques de respiration profonde

2️⃣ Techniques de lutte

  • Travail sur la respiration, la redistribution des forces

  • Mise en pratique : amener son partenaire au sol dans un espace réduit (4m²) ou le faire sortir de cette zone.

3️⃣ La “magie” : Kyusho jitsu-like

  • Applications martiales sur des poussées et clés

  • Points sensibles, respiration, visualisation, références légendaires…


🙏 Conclusion

Wow !
Un vrai plaisir de découvrir (oui, toujours), partager, avec des stagiaires impliqués et un instructeur accessible.

🔪 Pas de jonglage avec le kerambit — du concret qui saigne.
🎯 Techniques traditionnelles, applicables, et des rencontres humaines formidables.


🔁 À suivre

Le lendemain, Alexandre animait un autre stage sur les amenées au sol et projections en Pencak.

➡️ Si le style Gadjah Putih vous intrigue : contactez Alexandre. 0650029237
➡️ Pour le Silat Seni Gayong : je répondrai. 0606609930
➡️ Pour le Cimandé : contactez Thomas Sciarrino.


Merci à tous ! 🙏